Les banques centrales jouent un rôle essentiel dans la stabilité économique en ajustant les politiques monétaires. L’orientation future, ou forward guidance, est une stratégie clé utilisée pour influencer les attentes des marchés financiers et des agents économiques. Elle consiste à communiquer de manière transparente sur les intentions futures concernant les taux d’intérêt et d’autres mesures monétaires, afin de réduire l’incertitude et d’ancrer les anticipations.
Par exemple, la Réserve fédérale américaine ou la Banque centrale européenne peuvent annoncer que les taux resteront bas pendant une période prolongée. Cette communication agit comme un outil de politique monétaire, capable de stimuler l’économie en incitant les investissements et les dépenses.
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Qu’est-ce que l’orientation future des politiques monétaires ?
La forward guidance est un outil de politique monétaire permettant aux banques centrales de communiquer leurs intentions futures. Cette méthode vise à influencer les anticipations des agents économiques et des marchés financiers, réduisant ainsi l’incertitude.
L’objectif est simple : en annonçant leurs intentions sur les taux d’intérêt, les banques centrales peuvent orienter les décisions d’investissement et de consommation. Par exemple, en déclarant que les taux resteront bas pendant une période prolongée, la banque centrale encourage les emprunts et les dépenses, stimulant ainsi l’économie.
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Les banques centrales utilisent différentes formes de forward guidance :
- Calendrier : Communication de la durée prévue pour maintenir les taux d’intérêt à un certain niveau.
- Conditionnelle : Engagement à maintenir les taux bas tant que certaines conditions économiques sont remplies, comme un taux d’inflation cible.
La Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) ont recours à cette stratégie, particulièrement en période de crise. En juillet 2013, la BCE a adopté la forward guidance pour la première fois, indiquant que les taux d’intérêt directeurs resteraient à des niveaux actuels ou inférieurs pendant une période prolongée.
La forward guidance n’est pas sans risque. Une mauvaise communication peut entraîner des fluctuations sur les marchés financiers. Lorsqu’elle est bien exécutée, elle constitue un puissant levier pour la stabilité économique et la gestion des anticipations du marché.
Les mécanismes de fonctionnement de l’orientation future
Pour comprendre comment la forward guidance opère, il faut d’abord examiner l’interaction entre les taux d’intérêt et l’inflation. Les banques centrales, via leurs politiques monétaires, influencent directement les taux d’intérêt. Ces taux, à leur tour, affectent les niveaux d’inflation et de croissance économique.
Le Federal Open Market Committee (FOMC) de la Réserve fédérale des États-Unis utilise la forward guidance pour indiquer ses intentions futures concernant les taux d’intérêt. Cette communication permet aux marchés financiers de prévoir les mouvements de taux, réduisant ainsi l’incertitude et stabilisant les anticipations.
- Le FOMC peut annoncer qu’il maintiendra les taux bas jusqu’à ce que le taux de chômage atteigne un certain seuil.
- Il peut aussi indiquer qu’il augmentera les taux seulement si l’inflation dépasse un certain niveau.
La forward guidance repose sur deux types d’engagements :
Calendrier
Les banques centrales indiquent une période spécifique pendant laquelle elles s’engagent à maintenir les taux d’intérêt à un certain niveau. Cette approche donne une visibilité temporelle aux entreprises et aux consommateurs.
Conditionnelle
Les engagements sont basés sur des conditions économiques spécifiques, comme le taux d’inflation ou le chômage. Cette méthode est plus flexible, permettant aux banques centrales d’ajuster leur politique en fonction de l’évolution de l’économie.
La forward guidance n’est pas un instrument isolé. Souvent combinée avec d’autres outils comme le quantitative easing, elle renforce l’arsenal des banques centrales pour stabiliser l’économie.
Les moments clés pour l’application de l’orientation future
L’histoire récente de la forward guidance est marquée par plusieurs événements déterminants. La crise financière de 2008 a été un moment pivot. Face à la récession mondiale, les banques centrales ont dû trouver des moyens innovants pour stabiliser les économies. La Federal Reserve (Fed) a alors intensifié son recours à la forward guidance, une pratique qu’elle avait initiée dès 2003.
La Banque centrale européenne (BCE) a, quant à elle, commencé à utiliser cet outil en juillet 2013. Son président de l’époque, Mario Draghi, a cherché à rassurer les marchés en s’engageant à maintenir les taux d’intérêt bas sur une période prolongée. Cette stratégie visait à relancer l’inflation et à soutenir une croissance économique vacillante.
En Asie, la Banque du Japon utilise la forward guidance depuis 1999. Elle a été l’une des premières à adopter cette pratique, cherchant à sortir d’une déflation persistante. La Banque centrale de Nouvelle-Zélande a suivi dès 1997, démontrant l’efficacité préventive de cette approche.
Les banques scandinaves, comme la Banque de Norvège et la Banque de Suède, ont aussi intégré la forward guidance à leur politique monétaire respectivement en 2005 et 2007. Ces institutions ont ainsi cherché à stabiliser leurs économies face aux fluctuations des prix des matières premières et aux chocs externes.
La Banque du Canada et la Banque d’Angleterre ont adopté cet outil en 2009 et 2013 respectivement. Ces banques ont utilisé la forward guidance pour ancrer les anticipations des marchés et assurer une reprise économique plus robuste.
Les avantages et les risques de l’orientation future
Les avantages de la forward guidance sont multiples. Elle permet d’ancrer les anticipations des marchés financiers, en offrant une vision claire des intentions des banques centrales. Cela peut stabiliser les taux d’intérêt à long terme et, par conséquent, faciliter les décisions d’investissement des entreprises et des ménages. La forward guidance est souvent utilisée en complément du quantitative easing, ce qui renforce son efficacité en période de taux d’intérêt bas, notamment pour contourner la contrainte du zero lower bound.
Cette stratégie comporte aussi des risques. En premier lieu, une mauvaise communication peut provoquer des malentendus sur les intentions réelles des banques centrales, ce qui peut déstabiliser les marchés. Une forward guidance trop rigide peut limiter la flexibilité des politiques monétaires face à des chocs économiques imprévus. La crédibilité des institutions est mise à l’épreuve : des engagements non tenus pourraient éroder la confiance des acteurs économiques.
Selon une étude de la Federal Reserve de Chicago, menée par Eric T. Swanson et John C. Williams, la forward guidance a un effet significatif sur les anticipations inflationnistes. Leurs travaux montrent que des annonces claires et cohérentes peuvent réduire l’incertitude et soutenir l’activité économique. D’autres chercheurs, comme Richhild Moessner et Clemens J. M. Kool, ont aussi mis en évidence l’impact positif de la forward guidance sur la stabilité des marchés financiers.
La Bank for International Settlements souligne, dans une de ses études, que la forward guidance doit être utilisée avec précaution. Une coordination internationale et une communication transparente sont essentielles pour éviter des déséquilibres globaux. Si la forward guidance est un outil puissant, son utilisation requiert une maîtrise fine des dynamiques économiques et des attentes des marchés.